Angkor Thom

MAJ : 6 mars 2021


Généralités

La ville

Angkor Thom est la cité royale construite par le roi bouddhiste Jayavarman VII (règne 1181 - c.1220). Son nom actuel, Angkor Thom, signifie « la grande cité » ; son nom sanskrit était Mahānagara. Elle est le témoin de la grandeur de l'empire.

La cité royale a la forme d'un carré d'environ trois kilomètres de côté, entouré d'un rempart haut de 8 mètres bordé d'une douve. Au milieu de chacun des quatre murs de l'enceinte se trouve une porte monumentale, ornée de quatre visage regardant vers les quatre orients. Les orients intermédiaires sont sculptés d'une image du roi chevauchant un éléphant tricéphale et flanqué de ses deux épouses, les reines Jayarajadevi et Indradevi. Il ne s'agit en aucun cas du roi des dieux de l'hindouisme Indra comme le mentionne une nombreuse littérature usant le copier-coller.

Ces quatre portes sont reliées par deux voies perpendiculaires qui se rejoignent au centre de l'enceinte où se situe le temple d'état : le Bayon. Une cinquième porte, appelée porte de la Victoire, se situe un peu au nord de la porte du mur Est (la porte de la Mort). Elle permettait d'accéder à la Terrasse des Éléphants du Palais Royal, par une route pavée probablement destinée à accueillir les défilés victorieux.

À chaque porte correspond une chaussée qui franchit les douves. Chaque pont d'accès à la ville est bordé à droite par des dieux bienfaisants deva et à gauche par les démons asura qui barattent l'Océan de lait.

Les constructions de Jayavarman VII sont représentatives, par leur décoration, du syncrétisme réussi par les Khmers entre le bouddhisme mahāyāna et les cultes hindouistes de Shiva et de Vishnu. On pourrait qualifier Jayavarman VII de “roi du marketing” tant il a innové pour tenter de faire cohabiter les hindouistes et les bouddhistes en mêlant les symboles forts des uns et des autres, notamment à travers la numérologie.

 

Les monuments

À l'intérieur de cette enceinte, se trouvent les ruines de palais, de temples et d'autres bâtiments, envahies par la forêt. Les principales sont :

  • Les vestiges du Palais Royal, construit sous le règne de Suryavarman I, 150 ans avant l'érection de l'enceinte dont on peut encore voir les principaux édifices à usage royal.
  • Le Phimeanakas, structure religieuse pyramidale qui se trouve dans la même enceinte que le Palais Royal, Palais Céleste où, selon la légende, le roi passait la première partie de chaque nuit avec la Reine-Soleil.
  • La Terrasse des éléphants qui domine la place royale et sur laquelle donnait l'entrée du Palais Royal. Cette place contient la terrasse dite du Roi lépreux mais qui est en fait le baraka ou représentation des enfers.
  • Deux petits temples bouddhiques tardifs : le Preah Palilay, à une seule tour, décoré de scènes de la vie de Bouddha, et le Tep Pranam dont ne subsiste plus guère qu'une très grande statue du Bouddha assis.
  • Le Baphuon, immense temple-montagne avec son gigantesque Bouddha couché du XVIe s.
  • Le bassin Sras Srei réservé aux ablutions royales.
  • Le temple du Bayon, temple d'État de Jayavarman VII au centre géographique d'Angkor Thom avec ses 54 tours à visages. 
  • Deux édifices dont la destination demeure mystérieuse : les Khleang Nord et Sud .
  • bordant à l'Est la route du Bayon à la porte Nord, douze petites tours dites Suor Prat à usage indéterminé. 

Angkor Thom en images

Restauration du mur d'enceinte nord

En juillet 2020, nous avons filmé la restauration d’un pan de mur de la gigantesque enceinte d’Angkor Thom près de la porte nord. Si nous n’étions pas au Cambodge, nous qualifierions cette restauration de projet d’archéologie expérimentale. Tout est fait à la main, avec des outils rudimentaires et beaucoup de savoir-faire. Des hommes aux mains et pieds nus équarrissent la latérite, déplacent et ajustent avec une précision millimétrique des pierres de plusieurs centaines de kilos. Pendant ce temps, des femmes préparent un ciment naturel fait de terre de termitière. Plusieurs ingrédients composent de ce ciment naturel : terre, bois, fragments végétaux liés par les sécrétions des termites (cire, salive, soie), poils, déjections. Ces divers ingrédients sont mélangés par les insectes avant d’être cuits par le soleil. Les Khmers en connaissent les propriétés depuis des siècles.

 

Il résulte de cette restauration un paysage sonore constitué de l’environnement direct (insectes, oiseaux, vent dans la végétation), du martèlement des burins, du frappement des pierres avec les outils d’équarrissage, du damage du sol, du pilonnage des blocs de termitière, des cris et des paroles échangés. Ajoutons-y quelques barrissements d’éléphants, hennissements de chevaux et le tableau de paysage sonore angkorien sera presque complet !

 



Angkor Thom - Porte Ouest

La porte Ouest d'Angkor Thom est très probablement la dernière construite eu égard à sa stylistique et aux éléments architecturaux de récupération ayant servi à la construction du pont traversant la douve côté Ouest. Au moment où nous écrivons ces lignes (mai 2022) elle est en restauration par anastylose partielle. Des pierres excavées des éboulis et remontées ont permis à Sounds of Angkor d'identifier avec certitude une harpe de cour/temple et une harpe à tête de Garuda, de découvrir une inscription en khmer ancien et de décrire une scène unique dans toute l'iconographie angkorienne par sa thématique.

 

Articles sur ce site

> La harpe à tête de Garuda (À la porte ouest d'Angkor Thom)