Tambour - samphor សំភោរ


MAJ : 9 mai 2021


Skor samphor ស្គរសំភោរ, ou tout simplement samphor សំភោរ en langage courant, est un tambour en tonneau très ancien, représenté pour la première fois (sans support) dans les bas-reliefs pré-angkoriens (VIIe s.) du site archéologique de Sambor Prei Kuk, puis ceux de la galerie nord, postangkorienne, d'Angkor Vat datant du milieu du XVIe s., avec support. En revanche, contrairement à ce que colporte la littérature, il n'est curieusement jamais représenté dans l'iconographie angkorienne !


En organologie, on définit le samphor comme un tambour en tonneau parce que le diamètre du centre est supérieur à celui des extrémités. Il est toujours monoxyle, c'est-à-dire sculpté dans une même pièce de bois : kokoh, reang, beng ou jacquier. Sa longueur est de 50 cm et sa largeur d'environ 35 cm. Il possède deux membranes de diamètres différents en peau de vache ou, autrefois, de cheval : la "mère", la plus grande, et "l'enfant". Elles sont découpées en cercle d'environ deux doigts plus grand que le bord du tambour et tendues sur le fût par de fines bandelettes de cuir de vache. Cette méthode permet de retendre facilement les peaux lorsqu'elles se sont détendues. Avant d'être posées sur le tambour, les peaux sont trempées dans de l'eau salée, de la chaux et du vinaigre afin de faire tomber les poils et de leur enlever toute élasticité. Ce processus est appelé “tuer” les peaux. Certaines traditions indiquent que le jeudi doit être choisi comme jour d'installation des peaux et que des offrandes doivent être faites à la divinité Preah Pisnokar, patron des artisans.

Le samphor repose toujours sur un support afin de le placer à bonne hauteur de jeu pour un musicien assis par terre. Le dos du samphor est muni d'une poignée de transport.

Le samphor est frappé à mains nues, la main droite sur la plus grande peau et la main gauche sur la plus petite, ou parfois le contraire selon l'habitude de chaque musicien. Avant de jouer, un morceau de pâte riz, connu sous le nom de bay samphor បាយសំភោរ, litt. “riz du tambour”, est collé au centre de chaque peau pour les accorder. À l'origine, le bay samphor était fait de riz ordinaire malaxé jusqu'à obtenir une pâte lisse puis mélangé  à de la cendre ; aujourd'hui, les musiciens utilisent couramment de la Patafix (de couleur bleue ou verte sur le marché cambodgien). Avant de jouer, le tambourinaire doit se prosterner devant l'instrument, par exemple en faisant une sampeah (en joignant les mains jointes en l'air et en s'inclinant), en allumant de l'encens, en faisant des offrandes, etc. Le joueur doit se comporter de manière digne, notamment en s'asseyant avec les jambes repliées sur le côté, selon la tradition khmère. La position “en tailleur” est réservée au moines bouddhistes.

Le samphor a deux têtes mais peut émettre des sons de quatre à huit hauteurs, ou plus encore selon les compétences du joueur.

Le samphor est toujours présent dans l'orchestre pin peat. Il peut également être utilisé dans d'autres ensembles.