MAJ : 9 mai 2021
Lors de nos investigations au Ratanakiri et Mondulkiri, nous n'avons pu trouver de joueur de guimbarde en bambou alors que cet instrument était courant voici quelques décennies. Afin d'illustrer cet instrument emblématique de l'histoire de la musique du Cambodge, nous publions les recherches que nous avons effectuées chez les Êdê du Vietnam et les Oy du Laos. Ces deux ethnies partagent la même culture générale que celles du Ratanakiri et du Mondulkiri, à savoir le jeu des ensembles de gongs et les instruments en bambou.
La guimbarde en bambou est probablement l'un des plus anciens instruments du Cambodge si l'on tient compte de son espace de répartition qui va des confins de l'Asie du Sud-Est à ceux du Pacifique.
Le gôč est la guimbarde en bambou des Êdê, une ethnie établie sur les hauts-plateaux du centre du Vietnam. La languette vibrante est surmontée d’une petite charge de cire afin de modifier sa vitesse de vibration, donc la hauteur de la note. Elle est utilisée pour “chanter à mots couverts”. Saisie avec la main gauche, elle est placée devant la bouche tandis que la main droite fait vibrer la languette mobile. Le musicien fait varier le volume de la cavité buccale afin de simuler les mots de la chanson. Cette narration confidentielle sied parfaitement à la cour d’amour et les jeunes gens ne manquent pas de l’utiliser pour courtiser les jeunes filles. On interprète également des chants à caractère bucolique. Elle était également jouée autrefois lorsque l’on achevait le faîte du toit lors de la construction d’une maison, afin de s’adresser aux esprits.
Fabrication et jeu d'une guimbarde en bambou chez les Êdê du Vietnam. Un film réalisé par Patrick Kersalé en 2012.