Tambours en tonneau

MAJ : 23 février 2021



Les tambours en tonneau sont des instruments dont le diamètre du centre du fût est supérieur à celui des extrémités et présentant un profil en arc de cercle. Ceux dont il est ici question sont de petite taille, portés et joués par le musicien lui-même.
D’une manière générale, ces instruments sont représentés sur les bas-reliefs dans des situations réelles ou mythologiques. Ils sont munis de deux membranes dont chacune est censée produire un son de hauteur différente. Leur tension est réalisée au moyen d'un dispositif de laçage en cuir ou en fibre végétale passant alternativement par chacune des peaux. L’accordage traditionnel s’effectue soit avec des cylindriques de bois mobiles intercalés entre les tendeurs et le fût, soit avec des anneaux mobiles coulissant de long des liens, soit encore à l’aide d’une charge de pâte de riz mélangée à divers ingrédients (cendre au Cambodge pour le samphor) et collée au centre de chaque membrane.



Au Cambodge, les premiers instruments connus à travers l’iconographie apparaissent au VIIe s. sur le linteau du Vat Ang Khna (site de Sambor Pei Kuk, aujourd'hui au Musée National du Cambodge).

Linteau de Vat Ang Khna. VIIe s. Musée National du Cambodge.
Linteau de Vat Ang Khna. VIIe s. Musée National du Cambodge.

Un haut-relief situé au nord de la Terrasse de Yama (dite plus couramment “Terrasse du Roi Lépreux”) présente une avaleuse de couteaux accompagnée d’un personnage frappant un petit tambour en tonneau et d’un autre entrechoquant des cymbalettes. L’instrument est maintenu par une sangle passant autour des hanches.

 

Avaleuse de couteaux au pied de la Terrasse de Yama. XIIIe s.
Avaleuse de couteaux au pied de la Terrasse de Yama. XIIIe s.

Sur un linteau de Banteay Srei, un tambourinaire anime la danse de Śiva à l’aide de deux tambours de tailles différentes, posés verticalement, avec une légère inclinaison. Dans ce cas, les deux hauteurs sonores sont produites par deux entités distinctes. Ces deux instruments semblent ici se substituer au symbolique tambour-hochet ḍamaru ou ḍamarin, l’un des attributs de Śiva.

Danse de Shiva. Le tambourinaire se situe en bas à droite. Banteay Srei. XIe s.
Danse de Shiva. Le tambourinaire se situe en bas à droite. Banteay Srei. XIe s.
Couple de tambours en tonneau posés verticalement et frappés à mains nues. Banteay Srei. XIe s.
Couple de tambours en tonneau posés verticalement et frappés à mains nues. Banteay Srei. XIe s.

Dans la troisième galerie nord, aile est, d’Angkor Vat, des tambours en tonneau de dimensions variables, montrent diverses positions de jeu : suspendus autour du cou avec ou sans support, posé à terre sur un support. Ils sont frappés à mains nues. Sur certains d'entre eux, on voit parfaitement le laçage des membranes, sur d’autres non, car la sculpture est parfois épurée.

Tambour en tonneau sur support. Angkor Vat, Galerie nord. Victoire de Krishna sur l’Asura Bāna. XVIe s.
Tambour en tonneau sur support. Angkor Vat, Galerie nord. Victoire de Krishna sur l’Asura Bāna. XVIe s.
Tambour en tonneau skor samphor sur support. On remarquera le dispositif d’accordage rapide au centre de la peau. Le Blu-tack remplace aujourd'hui la traditionnelle pâte de riz. Cambodge.
Tambour en tonneau skor samphor sur support. On remarquera le dispositif d’accordage rapide au centre de la peau. Le Blu-tack remplace aujourd'hui la traditionnelle pâte de riz. Cambodge.
Tambours en tonneau avec décor lotiforme. Angkor Vat, Galerie nord. Victoire de Krishna sur l’Asura Bāna. XVIe s.
Tambours en tonneau avec décor lotiforme. Angkor Vat, Galerie nord. Victoire de Krishna sur l’Asura Bāna. XVIe s.


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