Flûte


MAJ : 9 mai 2021


Ratanakiri. Kreung. Flûte duar

La flûte à bloc des Kreung (duar) est fabriquée dans un chaume de bambou. Elle est percée de sept trous de jeu carrés et équidistants. Sa particularité est que les trous de jeu se ne trouvent pas d'ans l'axe du biseau sur lequel vient se briser la lame d'air, mais à 90° sur le côté. Nous en ignorons la raison symbolique. De plus, les trous de jeu sont carrés, peut-être parce qu'ils peuvent être fait aisément avec l'outil qui sert à façonner l'ensemble, alors que les trous ronds nécessitent un perçage par brûlage. L'équidistance des trous de jeu est dictée par la tradition. Il s’agit d’un instrument de divertissement. À l’instar de toute la musique des minorités de cette région, les mélodies sont brèves et répétées à l’infini.

Vous trouverez ci-dessous, une séquence montrant la fabrication d'une telle flûte.


Jeu d'une flûte en bambou

Cette séquence a été tournée dans le village kreung de Laeun Chuong (Ratanakiri) le 29 décembre 2010. Le flûtiste, M. Cheunk Ngon, avait 60 ans. 



Fabrication d'une flûte en bambou (1)

Nous proposons ci-après deux vidéos complémentaires montrant la fabrication d'une flûte duar avec des approches un peu différentes.

Cette fabrication de flûte en bambou a été captée en janvier 2012 dans le village kreung de Kro Pou (Ratanakiri). Il s'agit un document exceptionnel sur le plan musicologique car il témoigne du système de la pensée des Kreung et, d'une manière générale, des ethnies de cette région. 


En effet, les seuls outils de mesure traditionnels sont les dimensions corporelles et les rapports qu'elles entretiennent entre elles.

Le couteau à long manche, calé sous le bras, est utilisé par toutes les ethnies de la région. La lame opère toujours vers l'extérieur. Les gestes sont précis. 

Ce qu'il convient de retenir sur la fabrication elle-même :

  • Les prises de proportions relatives au diamètre du bambou
  • Le report de proportion pour la lumière (ouverture au niveau du biseau)
  • Le report de proportion pour la détermination de la position du premier trou de jeu
  • Le report de proportion  entre chaque trou de jeu 
  • Le report de proportion  pour le diamètre des trous de jeu carrés.

Fabrication d'une flûte en bambou (2)

Cette flûte a été fabriquée dans la forêt directement au pied des bouquets de bambou. La fabrication, entre la coupe du bambou et la phase finale, a duré 15 mn. En l'état, la flûte est inutilisable car il faut aménager le conduit avec de la cire d'abeille…


On découvre, à travers ces deux exemples de fabrication, que ce n'est pas l'oreille qui détermine la hauteur des sons, mais un système de proportions édicté par la tradition. Il en va de même pour la fabrication de tous les objets dans les sociétés forestières de cette région (instruments de musique, maison, greniers à riz, mobilier, outils, etc).

Nous pensons que l'oreille s'est forgée sur la base de ces instruments à cette fabrication proportionnelle. Dans notre film Musiques aux pays des bambous, on peut voir, au code temporel 16'07, la fabrication d'une flûte de Pan en bambou pour laquelle se sont là encore les dimensions corporelles qui guident le dimensionnement des tuyaux.


Mondulkiri. Bunong. Flûte nhom

La flûte des Bunong (nhom) est faite dans un chaume de bambou. Elle comporte quatre trous de jeu circulaires ou carrés et une lumière triangulaire. Le canal d'insufflation est fait avec de la cire d'abeille. Il s’agit d’un instrument pour se divertir lors des poses au cours de la chasse en forêt, après avoir posé les filets de pêche, en attendant de les relever, lors la surveillance des rizières, ou encore durant la garde du bétail. Il existe un tabou interdisant de jouer cette flûte dans le village… ce que n'a pas respecté le musicien que nous avons enregistré. Mais il y a le monde d'autrefois et celui d'aujourd'hui… 

Village de Pu Tam n°4. 11/12/ 2010. 

Ce musicien bunong joue une flûte à bloc en bambou dénommée nhom.

La séquence est agrémentée d'images d'éléphants domestiques, évocation d'un monde aujourd'hui disparu. Rappelons que les Bunong étaient, voici quelques décennies encore, les maîtres des éléphants.

 



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