Prasat Sralao (Angkor)

Textes, photos, vidéos : © Patrick Kersalé 1998-2021, sauf mention spéciale.


Généralités

Le Prasat Sralao (aussi orthographié Prasat Sralau) est un petit temple datant de la seconde moitié du Xe siècle. Il est situé à environ 3 km au sud-est du village de Svay Chek. Il était dédié à Tribhuvanamaheshvara, autre nom de Shiva en tant que “Seigneur des trois mondes”, divinité également vénérée à Koh Ker et Banteay Srei. Il existait originellement trois sanctuaires en briques alignés nord-sud et ouverts à l'est. La tour sud est totalement ruinée et il ne reste pas grand-chose de celle du centre. Cette dernière était précédée d’une antichambre (mandapa) dont les encadrements de porte demeurent. Les fondations sont les seuls vestiges de l'ancienne porte est. La tour la mieux conservée est magnifiquement enveloppée et surmontée d'un ficus. Le temple était entouré d’une douve toujours visible. 

 


Inscriptions

* d’après G. Cœdès, Inscriptions du Cambodge I, p.221.

Le piédroit sud porte 32 lignes en sanskrit parfaitement conservées formant 15 stances. Le piédroit nord porte 24 lignes en khmer dont les 12 dernières sont incomplètes. Après une invocation à la Trimūrti, le texte sanskrit fait l'éloge du roi Harṣavarman, roi en 987 çaka - 1065 A. D. Il marque ensuite que Narapatindravarman, de la famille de Vrai Kanloṅ, a restauré la ville de Vraḥ Daṃnap, fondée sous Jayavarman V, puis abandonnée sous Udayādityavarman, et y a installé un liṅga et des images de Viṣṇu et de Çiva. Le texte khmer dit à peu près la même chose en ajoutant quelques détails généalogiques sur la famille de Vrai Kanloṅ dont une femme, la tante de Narapatīndravarman, devint reine de Sūryavarman I, sous Je nom de Narapatīndralakṣmī. Il donne deux dates : 987 çaka (1065 A. D.) date d'avènement de Harṣavarman, et 993 çaka (1071 A. D.) date à laquelle l'auteur de l'inscription reçut une charge : la fondation qui fait l'objet du texte date probablement de cette même année. Le roi Udayādityavarman dont il est fait mention est Udayādityavarman II, et l'abandon du pays de Vraḥ Daṃnap, dont le site correspond évidemment à celui de Pràsàt Sralau, est dû sans doute aux troubles qui marquèrent son règne et dont les inscriptions de Praḥ Nok et de Pràsàt Práḥ Khsèt nous ont apporté les échos. Quant à Harṣavarman, c'est nécessairement Harṣavarman III étant donnée la date de son accession dans les deux textes : 987 çaka. Seulement, cette date qui apparaît ici pour la première fois pose un problème chronologique. La plus ancienne date de Harṣavarman III connue jusqu'à présent était celle de 991 ç. (1069 A. D.) donnée par la stèle de Pàlhàl. D'autre part. les inscriptions de Pràsàt Práḥ Khsèt et de Praḥ Nok attestent qu'en 988 çaka (1066 A. D.) Udayādityavarman II régnait encore. La date 987 çaka est donnée deux fois dans l'inscription de Pràsàt Sralau : la première fois dans le texte sanskrit, la deuxième en chiffres dans le texte khmer. La contradiction entre cette donnée et celle des deux inscriptions précitées ne peut être résolue que de trois façons :

1° Les inscriptions de Praḥ Nok et de Pràsàt Práḥ Khsèt donnent une année courante tandis que celle de Pràsàt Sralau donne une année révolue.

2° Harṣavarman III s'est proclamé roi du vivant de son frère, et les deux règnes coïncident pendant quelque temps,

3° Une des dates est fausse.

En l'absence de toute autre indication, c’est la première hypothèse qui est la plus vraisemblable. Si de nouvelles découvertes viennent la confirmer, on pourra en conclure que Harṣavarman est monté sur le trône en 1066 A. D.

 

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